Intervention de l’intersyndicale en CME le 28 mai
Monsieur le Président, mesdames et messieurs.
Il nous a semblé important d’informer la communauté médicale du mouvement de contestation des personnels non médicaux du CHPC.
Nous dénonçons un dialogue social qui s’apparente à une rhétorique managériale, qui si elle est brillante, n’en est pas moins autoritaire ne laissant que peu de place à la contradiction.
Pour exemple : deux fortes mobilisations ont déjà eu lieu, la direction en déduit qu’elle a manqué de pédagogie. Si les agents sont mécontents ce n’est pas par désaccord mais par manque de compréhension et pourquoi pas d’esprit ?
Alors quel dialogue ?
Toutes les restructurations sont issues de l’audit PHME
Audit commandé par l’ARS, faite par un directeur d’hôpital, repris et érigé en dogme par un autre directeur d’hôpital tout deux probablement issus des mêmes écoles ou l’on doit apprendre que l’être humain est une ressource, à exploiter, comme une autre.
Les auditeurs ont refusé d’intégrer les représentants du personnel dans les groupes de travail. Les personnels non médicaux ou non cadres étaient sous représentés, voir absents. Notre vision du soin n’a-t-elle donc aucun intérêt ?
Dialogue ?
Les restructurations en plateaux de soins ont commencé en chirurgie :
Des réunions entre cadres et direction ont eu lieu, des réunions médecin direction, des réunions personnel cadre, mais pas de réunion médecin-soignant. Tout le monde allait soit disant dans le même sens… Résultat les paramédicaux tournent sur toutes les spécialités, se retrouvent en difficulté, craignent l’erreur, manquent de formation. Les chirurgiens sont insatisfaits voire franchement hostiles à la situation… L’ambiance de travail se dégrade. Certains chirurgiens refusent de faire la visite avec une IDE issue d’une autre spécialité, un autre, mécontent d’avoir été dérangé note dans le dossier de soin que les chirurgiens ne sont pas là pour pallier à l’incompétence des infirmières.
A quand une réunion médecins-paramédicaux pour enfin trouver un terrain d’entente sur les organisations ?
Dialogue ?
Lorsque sous informés des réorganisations de certains services, les membres du CHST décident de s’inviter à une réunion et que sous prétexte de leurs présences la réunion est annulée ?
Dialogue ?
Lorsque l’on nous demande d’étaler nos congés d’été du 1 juin au 30 septembre, ce qui signifie des vacances avec nos enfants 1 année sur 3 ou 4. Qui peut accepter cela ?
Dialogue ?
Lorsque l’on nous demande de travailler en 12 heures alternance jour/nuit et qu’après avoir argumenté pendant des heures sur les risques de ce genre d’horaire la direction maintient que cet horaire est bon, aussi bien pour le soignant que pour le patient !!!
Dialogue ?
Lorsqu’on nous demande de redonner 5 RTT pour permettre la suppression d’emplois. Nous faisons actuellement 7h45 de présence comptabilisé 7H30. Nous ferons 7H50 de présence qui ne sera comptée que 7H20 et nous perdrons 5 RTT et n’aurons pas plus le temps de manger.
Dialogue ?
Lorsque l’on nous dit que le temps de transmission est un temps improductif ? Là ce n’est même plus un manque de dialogue mais un manque total de compréhension, nous ne parlons pas de la même chose ou plutôt nous ne voyons pas les choses du même endroit.
La Direction pense que l’humain doit s’adapter à l’économie, nous pensons que c’est à l’économie de s’adapter à l’humain.
Considérer le personnel comme une variable d’ajustement budgétaire nous semble, contrairement à ce que prétend PHME conseil, pas franchement novateur : c’est pour le coup toujours la même histoire qui se répète.
A l’évidence ce que les gestionnaires définissent comme qualité de soin ne recouvre guère ce que les soignants désignent sous le même terme.
Ce paradigme technocratique voudrait nous faire croire que tout est codifiable, protocolisable, les soignants et médecins passent un temps considérable à cocher des cases dans des dossiers. On en vient à considérer que la procédure est plus importante que l’acte réalisé.
Notre engagement ne se limite pas à ce que nous sommes formellement tenus de faire : dans quelle case cocher que tel soignant est resté tenir la main d’un mourant ? Quand prend on en compte la dimension informelle et invisible de l’empathie.
On nous prône la polyvalence à tout va, cette attitude néglige totalement l’élément majeur qu’est la confiance mutuelle entre membres d’une équipe. Dans un service de soin, le fait que les soignants se connaissent et sachent sur qui et sur quels aspects des personnes ils peuvent compter, représente un élément important de la qualité des collaborations et des soins. Les nouvelles organisations risquent de mettre à mal cet esprit d’équipe.
Nous vous demandons d’être vigilant sur la mise en place des plateaux de soins et de dialoguer avec vos équipes afin que les réorganisations soient acceptables pour tous.
Nous vous demandons de comprendre notre refus de faire les frais d’une politique de santé qui a mis délibérément les hôpitaux en déficit.
Demain nous rencontrerons l’ARS, nous aimerions aussi rencontrer le Directoire.
Nous vous demandons de nous soutenir dans notre mouvement et lors de la manifestation du 30 mai.